Photos par Richard Tessier
Dans l’esprit de plusieurs personnes, le surf est une activité plutôt facile et sympathique, un peu à l’image d’une chanson des Beach Boys. Si Kate Bosworth le fait avec grâce tout en conservant une moue boudeuse et sexy dans Blue Crush, le commun des mortels devrait bien y arriver sans trop de problèmes. La réalité est cependant bien différente alors que le simple fait de se rendre au line up pour un débutant relève presque d’un exploit. Généralement, la force des vagues et les fonds rocheux propices aux bons spots de surf servent à rebuter la majorité des gens. Plusieurs, après quelques essais plus ou moins réussis termineront leur journée à la mer, dans la piscine de l’hôtel avec un piña colada à la main.
Toutefois, certains seront tellement marqués par cette sensation de glisser sur la vague, qu’ils deviendront vite accros. Et habituellement, quelqu’un qui à la piqure du surf, l’aura bien fort! Nous, les Montréalais passionnés de surf sommes un peu condamnés à vivre dans un perpétuel état de manque parce que oui, le surf devient souvent une drogue pour ceux qui le pratique. Certains déménagent ou s’ouvrent des camps de surf dans des pays exotiques tandis que les autres doivent se trouver une alternative pour obtenir leur dose quotidienne d’adrénaline.
Heureusement, avec l’avènement du surf de rivière, nous pouvons compter sur la situation géographique de la ville, entourée d’eau afin de pratiquer notre sport sur des vagues éternelles formées par l’irrégularité des fonds. L’endroit le plus populaire se situe face à Habitat 67 où nombre de surfeurs se retrouvent pour profiter de cette vague de réputation internationale qui déferle presqu’à longueur d’année. La vague, d’environ 1,5 mètre de haut, permet de retrouver quelque peu cette sensation de glisse qui nous est si chère. Par ailleurs, son débit incessant favorise la pratique de nos moves sur la planche tandis que la force des remous qui nous attendent pour retourner sur la terre ferme par la suite, nous oblige à pagayer avec vigueur ce qui nous fait des gros pipes. Et puis, en plus, c’est vraiment trippant de jouer dans l’eau, et ce, à quelques pas du centre-ville de Montréal, malgré les quelques résidus qu’on peut y trouver!
Toutefois, la très grande majorité des surfeurs de rivière sont catégoriques : le surf de rivière c’est bien. Le surf dans l’océan c’est mieux! Il n’est donc pas surprenant de constater que les habitués d’Habitat 67 désertent la rivière dès qu’un swell se pointe sur la cote Est américaine. Les plus motivés n’hésitent d’ailleurs pas à partir en pleine nuit pour profiter des vagues du matin. Par ailleurs, TOUTES leurs vacances se prennent à proximité d’un bon spot de surf, souvent au détriment de leur vie conjugale. Ne me méprenez pas, il y a indéniablement une bonne vibe à Habitat 67. La majorité des surfeurs qui y sont y ont le sourire. Par contre, leur sourire est pas mal plus large lorsqu’ils sont devant un bon swell et ce, peu importe la température de l’eau qui l’accompagne.
Personnellement, je pense que la vague d’Habitat 67 n’est pas qu’une façon de pratiquer le sport que j’aime tant, bien que je m’y amuse grandement. C’est aussi un endroit où j’ai rencontré des gens partageant une passion commune avec moi et je m’y suis instantanément senti comme à la maison. Au fil des années, une communauté s’y est formée et c’est là, l’un des principaux attraits d’Habitat 67, selon moi.
En gros, le surf de rivière à Montréal, c’est une chance dans notre malchance, un peu ce que la bière sans alcool est aux alcooliques : la plupart des ingrédients sont là, mais le feeling, un peu moins. Bon, pour ceux qui me trouvent trop intense, on pourrait dire alors que le surf de rivière est comparable au splenda pour un diabétique : une alternative bien honnête… mais jamais aussi bonne que l’original!
Pour quiconque souhaite découvrir le surf, sans nécessairement avoir les moyens de partir vivre à Bali, l’école de surf de rivière KSF offre d’excellents cours (que je recommande grandement).
