«Avoir installé Photoshop dans ton Macbook Pro ne fait pas de toi un(e) graphiste»

«Avoir installé Photoshop dans ton Macbook Pro ne fait pas de toi un(e) graphiste»

On connait tous le super logo de la boutique OTH mais on sait moins bien qui se cache derrière. Pour les lecteurs de 33mag en exclusivité, on a posé quelques questions à ce graphiste de talent: FAKER


Peux-tu te présenter en quelques mots?
Laurent. 36 ans. Graphiste. Paris. Casier judiciaire chargé.
J’ai perdu 40 livres en 1 an et j’ai presque réussi à arrêter de fumer en 6 mois. (Han ouin?!)

Quelle formation as-tu suivi pour en arriver là?
Je fais partie de la promotion 2002 de l’école-intuit-lab. Après l’obtention de mon diplôme de design graphique, j’ai immédiatement travaillé en freelance et, parallèlement, dans des agences. J’ai surtout eu la chance d’évoluer aux côtés d’amis graphistes talentueux et établis. Ils m’ont beaucoup appris et inspiré.

Quelle est ta méthode de travail lorsque tu réalises un projet comme un logo pour une boutique par exemple?
Alors que j’étais encore étudiant, un professeur m’a dit «Laurent, la réponse est dans la question.» Je n’oublierai jamais ces mots. C’est d’ailleurs exactement ce que je me dis (encore) aujourd’hui quand j’appréhende un projet. J’essaie au mieux de connaître le client, son lifestyle, sa cible et ses attentes. Ça me permet d’être juste sur le fond et sur la forme.

Comment es-tu entré dans le projet Off The Hook ?
Mes #αδελφοί* Harry et Angelo (fondateurs de Off The Hook) connaissaient mon travail via Clark magazine et m’ont invité en mai 2009 à exposer dans la galerie du Off The Hook. On est resté en contact et ils m’ont proposé d’intégrer le pôle créatif aux cotés de Jeremy Wirth et de les aider à renforcer l’image de marque de la boutique OTH. C’était un beau challenge pour moi et j’ai évidemment accepté.
C’est pour moi une grand fierté de faire partie de ce projet et de construire l’avenir de OTH.
*frères (en grec)

Qu'est-ce que tu préfères de Montréal? La poutine ou les danseuses?
Pour être honnête, je ne suis jamais allé aux danseuses et la seule poutine que j’ai mangée était au homard (merci Chuck Hugues)… Je ne préfère rien à Montréal, j’aime tout! L’accent québécois, l’architecture, les Bixi, Coloniale, l’Impact et Di Vaio, les Ringleaders, la salade césar du Reuben’s et surtout rester avec «ma gang» du OTH.

Tu as travaillé pour Clark Magazine, comment et pourquoi la publication de ce magazine s'est arrêtée?
Au commencement Clark magazine était axé sur le skateboard, le street-art et le post graffiti… C’était cohérent pour la période. J’ai fait 27 numéros de Clark, j’ai pu ainsi observer l’évolution du contenu du magazine. Quand Romain Dauriac, le rédacteur en chef, a repris la direction de la revue, nos références n’étaient plus seulement Juxtapoz ou Low Down, mais Monocle ou Fantastic Man. Avec la maturité, nous avions une vision précise et pointue concernant l’avenir de Clark, avec une sélection d’artistes et de portraits élitiste et prétentieuse pour nos détracteurs, mais fidèle à nos convictions et en accord avec l’évolution des tendances. L’éditeur, sans doute nostalgique des premières années du mag, n ‘avait pas la même vision que nous du futur. Il a préféré mettre un terme à la publication. Romain et moi n’avons aucun regret. Le dernier numéro de Clark (issue 52) est pour nous le meilleur. Cette fin est un aboutissement, pas un échec.

Quelles sont les compétences à avoir pour devenir graphiste aujourd’hui?
Quels conseils pourrais-tu donner aux jeunes qui débutent?

Beaucoup prétendent être graphiste aujourd’hui mais finalement peu ont les qualités requises. Avoir installé Photoshop dans ton Macbook Pro ne fait pas de toi un(e) graphiste.
Je n’ai pas vraiment de conseils à donner à part d’être curieux de tout, de ne pas surfer sur la tendance du moment, d’essayer de trouver son univers et son style pour affirmer son identité.
Et mon ami Jeremy Wirth m’a redonné l’envie de dessiner. C’est essentiel d’avoir ce lien avec le papier, l’encre. Illustrator ne remplacera jamais ça.

De quel projet es-tu le plus fier ?
Cette question est difficile… Il y a en effet beaucoup de projets dont je suis fier. Si je dois en choisir un, je pense que c’est un projet de 2003: des génériques Hitlist pour la chaîne MTV que j’ai réalisés avec mon ami Arthur King. On sortait de l’école, on travaillait en agence le jour et en freelance la nuit, tout était fait à la main, les pochoirs etc. Arthur composait la musique et écrivait avec moi les story-boards! C’était une vraie leçon de DIY. Pour nous c’était une consécration de voir notre travail sur MTV. Pour toutes ces raisons ce travail me rend fier encore aujourd’hui. 

Et plus récemment, le re-branding OTH, la campagne d’hiver des Ringleaders FC «Two Half-Times in Hell  ou encore le projet Petite Patrie sont des projets qui me tiennent à cœur et dont je suis également très fier.

Qu’est ce qui t’as particulièrement marqué en art/graphisme/typo dernièrement?
La liste est trop longue… Selon moi la chaussure Vans OTH x Taka Hayashi est une ode à l’Art en 2013. Plus sérieusement, j’ai été marqué par le travail de Ron Mueck à la Fondation Cartier, la rétrospective Dali à Beaubourg, la statue en bronze d’Adel Abdessemed «Le coup de tête de Zidane», le travail de mes copains Yué Wu, Steven Harrington, Mudwig ou encore Cody Hudson. Avec une mention spéciale à Jordy van den Nieuwendijk.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur tes projets à venir? 
Je suis représenté par onelouderagency donc les propositions de projets sont nombreuses. Je viens de terminer le travail d’identité visuelle et de direction artistique pour une rôtisserie du Sud Ouest de la France, Chez Cathy. Je collabore prochainement avec l’artiste 2Shy sur l’habillage intérieur d’une boutique de Saint-Germain des Prés à Paris et je poursuis le travail avec OTH à Montréal. À ce sujet je ne dirai que ces quelques mots: C’est Chez Nous, The Usual Route, RFC, Adelphos, IMFC.

Psssttt ! Envoie-ça à ton ami!

PLUS DE NOUVELLES